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Les Vérités CACHÉES dans le film INTERSTELLAR


Un programme riche pour cette vidéo. On commence par les Trous Noirs et la relativité générale, suivi des ondes gravitationnelles avec LIGO, pour finir par l’observation du trou noir supermassif du film, Gargantua. Le tout bien sûr agrémenté d’anecdotes sur la création du film et plus particulièrement sur l’attention porté à sa science grâce au prix Nobel Kip Thorne.

« Interstellar », un film qui tient plus de la science que de la fiction.

L’astrophysicien Kip Thorne a participé à l’élaboration du scénario d’Interstellar. Ce spécialiste des applications de la théorie de la relativité générale est très satisfait de l’aspect scientifique du film. Il a même fait une découverte sur les trous noirs grâce aux effets spéciaux.

KIP THORNE : Nous avions écrit un scénario de départ mais il a été tellement modifié qu’il n’en reste pas grand-chose. Il reste la vision scientifique et la toile de fond, ce que j’aime appeler le côté inconnu de l’univers, les trous noirs, les trous de ver, l’espace-temps.

L’histoire a complètement changé, sauf son point de départ : des explorateurs quittent la Terre, passent par un trou de ver pour se retrouver aux confins du système solaire et, grâce à ce mode de transport, visitent des planètes. Tout le reste a été inventé par Nolan. Mais cette volonté de faire un film où la science – depuis des vérités scientifiques reconnues jusqu’aux extrapolations les plus extrêmes – ferait partie intégrante de la trame cinématographique, a été préservée.

Et puis nous avons respecté les directives que nous avions fixées dès le départ. D’abord, rien dans le film ne devait aller à l’encontre des lois de la physique. Et, deuxièmement, il fallait que toutes les spéculations les plus folles – il y en a pas mal dans le film – soient des hypothèses scientifiques et non des délires sortis de l’imagination fertile d’un scénariste. Quand j’ai évoqué ces points non négociables avec Christopher Nolan lors de notre première rencontre en 2013, il m’a dit qu’il était d’accord, à condition qu’ils n’entravent pas le processus créatif. J’aime beaucoup l’aspect scientifique du film. Je suis très content du résultat.

Y a-t-il un passage du film où les réalisateurs n’ont pas tenu compte de vos recommandations?

Pas vraiment. Le seul passage qui ne me plaît pas trop, c’est la scène où ils se retrouvent sur une planète avec des nuages de glace. La glace ne peut supporter de telles contraintes. Mais je dois reconnaître que, même si ce passage va à l’encontre des lois élémentaires de la physique, c’est vraiment très bien fait. C’est en quelque sorte la licence poétique de l’artiste. Chaque fois que je regarde le film, c’est le seul endroit qui me fait un peu tiquer. Mais surtout, ne le dites à personne !

Dans votre livre, vous racontez que Christopher Nolan a introduit des concepts scientifiques que vous n’aviez pas proposés dans le scénario.

Oui. Mon préféré, et sans doute le plus réussi, étant le “tesseract” [la version en 4D d’un cube]. Christopher Nolan m’avait expliqué lors de notre première rencontre qu’il comptait mettre en scène un tesseract, mais il ne m’en a pas dit beaucoup plus. J’étais ravi parce que, quand j’avais 13 ans, j’avais lu Un, deux, trois… l’infini, de George Gamow, dans lequel l’auteur avait dessiné un hypercube quadridimensionnel. On dirait deux cubes imbriqués l’un dans l’autre. A l’époque, j’ai passé des heures à le regarder et à essayer d’appréhender sa réalité. J’étais tellement fasciné par cet objet que c’est sans doute ce qui m’a donné envie de devenir physicien théorique. Le tesseract créé pour le film est bien plus complexe que ceux que j’avais eu l’occasion de contempler. Il est d’une beauté fascinante.

D’où est venue cette idée qu’une catastrophe écologique puisse décimer les récoltes sur Terre?

C’est une idée de Jonathan Nolan [le frère du réalisateur et son scénariste attitré]. Quand il m’en a parlé, nous avons décidé de nous documenter sur les maladies qui ravagent les récoltes et autres types de catastrophes écologiques, afin d’examiner si ce qui était prévu dans le film était plausible. Nous avons réuni les meilleurs biologistes spécialistes du sujet autour d’un dîner et nous avons abordé la question en long et en large pour essayer de déterminer ce qui pourrait altérer l’équilibre biologique de la planète.

Vous avez travaillé avec l’équipe qui s’occupe des effets spéciaux chez Double Negative à Londres, en leur fournissant des équations qu’ils ont ensuite codées. Quel effet cela fait-il de voir ces équations transformées en une représentation visuelle?

La précision obtenue est vraiment incroyable. J’avais déjà converti l’équation moi-même grâce au logiciel Mathematica. Je savais donc à peu près ce qu’ils allaient obtenir, mais c’était vraiment incroyable de recevoir ces extraits du film et de voir la précision et la dynamique qu’ils sont parvenus à insuffler.

Vous avez découvert de nouvelles choses grâce à ces simulations?

Oui, nous avons découvert qu’avec un trou noir qui tourne à toute vitesse, sans disque d’accrétion [disque de gaz et de particules entourant un corps céleste], sur fond de champs d’étoiles, nous obtenons une structure d’une complexité magnifique qui ressemble à une sorte d’empreinte digitale, en plus complexe. Nous savions depuis longtemps qu’on pouvait obtenir des images multiples de chaque étoile [autour d’un trou noir], grâce à la combinaison des rayons lumineux qui viennent directement dans l’objectif et des rayons qui traversent le trou noir et tournent autour pour ensuite revenir vers l’objectif. Mais ce qu’on a découvert, c’est que sur le côté d’un trou noir il y avait cette structure magnifique.

C’était vraiment inattendu, cette complexité du trou noir, avec des régions où le champ d’étoiles apparaît très calme et d’autres où on dirait que les étoiles tourbillonnent en petits vortex. Pour moi, c’est vraiment une découverte fascinante : c’est beau et, surtout, c’est le fruit de la rencontre entre un scientifique et un groupe d’artistes du numérique. Nous allons publier un article là-dessus et sur la méthode particulière utilisée par l’équipe de Double Negative dans le journal [de physique mathématique] Classical and Quantum Gravity.


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